directed by Rob Rombout | 52′ | 1992 | United Kingdom, Atlantic Ocean, USA
« La traversée est un face-à-face que chacun entreprend avec lui-même, une solitude désolidarisée, tricotée à l’écart de tous même si trois mille destins ont noués leur fil au même gouvernail. »
Véronique Duchenne, 1992
OVER 1800 PASSENGERS AND 1100 CREW MEMBERS BOARD THE WORLD’S LARGEST SHIP, THE LAST OF THE TRANSATLANTIC LINERS ; THEY ARE BOUND TO LIVE CLOSE TOGETHER FOR FIVE DAYS OF SEA.
For 150 years Cunard has maintained maritime links between Britain and the United States. The Queen Elizabeth 2 (QE2) made his first voyage to New York on May 2, 1969. After five hundred years of Atlantic ship crossings, the QE2 is the last ocean liner in activity. The ocean liner’s role has changed over the years. Once an indispensable and single means of transport to distant lands, the ocean liner is now a haven of pleasure, providing isolation, escape, distraction and love of the ocean. It is a floating town with 1500 passengers aboard. Thanks to a crew of 1200, a high degree of organization and a clear division of work, the ship functions smoothly day and night. Close to 3000 people are brought together in an atmosphere of complicity over five days. First there is a look at an unpredictable ocean and a never changing seascape, then the arrival in New York, the destination that seemed so far away, like a New World.
Entre la fin de l’Orient et la fin de l’Occident il n’y a qu’une petite mer, disait Christophe Colomb en 1492. Cinq cents ans après la première traversée de l’océan, le Transatlantic, Queen Elizabeth 2 est le seul paquebot survivant de la ligne transatlantique.
1 800 passagers et 1 100 membres d’équipage s’embarquent à bord du plus grand navire du monde pour un huis clos de cinq jours en mer. Face à ce paysage immuable, chacun navigue dans son propre univers.
Após 500 anos de travessias entre Inglaterra e os Estados Unidos, o Queen Elizabeth 2 é o último transatlântico em atividade. A função deste navio mudou muito ao longo dos anos, sendo agora um espaço de prazer que oferece tanto o isolamento como inúmeras formas de divertimento a quem o proocura.
“Between the end of the East and the end of the West, there is just one small sea.”
« Entre la fin de l’Orient et la fin de l’Occident, il n’y a qu’une petite mer. »
Christopher Colombus / Christophe Colomb, 1492
« Curieuses découverte que cette miniaturisation de la société anglaise, avec ses clivages rigides, ses tabous, sa division du travail. »
Véronique Duchenne, 1992
TEXTE CRITIQUE
LES MYTHES SUR ÉCRAN ONT LA VIE DURE, par Dominique Legrand (Le Soir, 1992)
Le film d’un huis clos qui réunit trois mille personnes : c’est le pari engagé par Rob Rombout.
Cinq cents ans après la première traversée de l’océan, ce mythique « roi paquebot » de « Queen Elizabeth II » vogue au fil d’un reportage sans houle de Suthampton à New York, cinq jours de 25 heures puisque chaque nuit voit le passage d’un fuseau horaire. Dernier survivant d’un autre âge, sa ligne de flottaison s’accroche aux ferveurs des « golden people », ces retraités de la mer qui ne voient en lui qu’un instrument de luxe, de calme et de volupté. Entre gym tonic, tangos et dolce farniente, Rob Rombout nous conduit doucement au bout de l’océan, cette « petite mer entre la fin de l’Orient et la fin de l’Occident », chère à Christophe Colomb.
Et si le voyage s’effectue sans vague, le film de Rob Rombout croque au sel du large une jolie galerie de portraits. Sur ce géant des mers, chacun voyage dans son propre sillon. Des cuisiniers philippins aux femmes de chambre yougoslaves, les destins filent en parallèle des rhumes des old ladies. Seul le capitaine, véritable dieu après Neptune, prend des apparences humaines dans ce monde frelaté où tout est mis en œuvre pour travers l’Atlantide sans en avoir l’air, ni le roulis. Maître d’œuvre de cet exercice périlleux, : le clou du film de Rombout, le valet de cœur de ce monde flottant, un danseur recyclé en G.O., fascinant de déliquescence à fleur d’eau.
HUIS CLOS TRANSATLANTIQUE, par Béatrice Bocard
En croisière avec le Queen Elisabeth II, le dernier paquebot à relier Southampton à New York.
Samedi 0 h 25. L’homme chargé des relations publiques accueille à bord deux habituées : « Salut les filles ! Vous savez où sont vos cabines ? » Le documentaire sur le Queen Elizabeth II présenté dans la 25e Heure a ainsi parfois des accents de familiarité joviale évoquant davantage la série la Croisière s’amuse – séances de gymnastique aquatique pour dames rondes, tirage du loto, soirées dansantes hispanisantes… – qu’une croisière de luxe sur le dernier paquebot transatlantique, nom de code « QE2 ». Là aussi, la mode de la « gentille organisation » aurait pris le pas sur l’élitisme compassé d’antan.
Ce documentaire belge – coproduit notamment par la RTBF – est le deuxième du réalisateur d’origine néerlandaise Rob Rombout. Pas plus tard que fin juillet, Planète Câble avait diffusé Nord Express, son film sur le train Paris-Moscou. Davantage qu’une nostalgie pour les transports hors du commun et les voyages au lent cours, c’est du côté du « huis clos » qu’il faut chercher sa motivation : « une micro-société en mouvement où l’on est confronté à soi-même ». Son prochain projet le mènera sur une plateforme pétrolière en mer du Nord.
C’est donc la même patte que l’on retrouve : un journal de bord visuel aux cadrages léchés : à la rencontre d’histoires individuelles. Rombout possède un certain art de faire tomber – au figuré – les uniformes et les masques de l’anonymat, sachant dénicher une poignée poignée de personnages où accrocher les fils de son documentaire parmi les 1 800 passagers et 1 100 membres d’équipage qui embarquent à Southampton pour rallier en cinq jours le port de New York. Jamais d’effet de foule ni de plans généraux, mais le souci du détail qui frappe ou fait symbole – une rangée d’officiers barbus et casquettés comme autant de capitaines Haddock, le hublot derrière lequel un bout de mer nargue les employés philippins confinés aux cuisines… Anecdotes et itinéraires personnels s’entrecroisent comme pour former la trame d’un scénario de fiction. Contrairement aux acteurs de la Croisière s’amuse, le « G.a. » du « QE2 » n’a pas besoin de se forcer pour sourire. Issu d’une famille pauvre de neuf enfants, ex-champion de danse, il s’occupe aujourd’hui de divertir les VIP et possède huit maisons. Tout le personnel, on s’en doute, ne partage pas sa bonne fortune. Tout le monde n’a pas non plus la vocation : si le père du capitaine était déjà capitaine, le sommelier portugais ou l’hôtesse yougoslave ont échoué là par la force des choses – un divorce, la situation politique. Autant de destins qui se croisent temporairement dans les couloirs du Queen Elizabeth Il. Quant au groupe The Cure, c’est la phobie de l’avion d’un des guitaristes qui les aurait amenés là, toujours de noir vêtu, « vivant la nuit et dormant le jour ». Quelque peu décalés dans cet univers policé qu’ils côtoient sans s’y mêler.
« Dernier survivant d’un autre âge, sa ligne de flottaison s’accroche aux ferveurs des « golden people », ces retraités de la mer qui ne voient en lui qu’un instrument de luxe, de calme et de volupté. »
« Rombout possède un certain art de faire tomber – au figuré – les uniformes et les masques de l’anonymat. »
Béatrice Bocard, 1992
Director Rob Rombout | Script Rob Rombout, and Jean-Philippe Laroche | Director of photography Louis-Philippe Capelle | Assistant camera Marc Ridley, and Zoë Salmon | Sound Paul Heymans | Editing Adriana Moreira de Oliveira | Sound mixing Jacques Clisse | Original Music Jean-Christophe Renaud | Executive producer Jean-Philippe Laroche | Producer Nota Bene | Co-producers Wallonie Image Production (WIP), and RTBF | With the support of the Communauté française de Belgique | Co-producers WIP, RTBF, and Rob Rombout
Original title Transatlantic, Queen Elizabeth 2 | Original language French | Available version(s) Original French version | Original format video | Format 16/9 | Black and white Belgium
À VÉRIFIER
« Anecdotes et itinéraires personnels s’entrecroisent comme pour former la trame d’un scénario de fiction. »
Béatrice Bocard, 1992
directed by Rob Rombout, full version, 57′, english
Film Transatlantic, Queen Elizabeth 2 (version en anglais, avec sous-titres en français)
réalisé par Rob Rombout, version entière, 57′, anglais, avec sous-titres en français)
« Davantage qu’une nostalgie pour les transports hors du commun et les voyages au lent cours, c’est du côté du “huis clôt” qu’il faut chercher sa motivation : “une micro-société en mouvement où l’on est confronté à soi-même.”
Béatrice Bocard, 1992