Orchestrer la réalité :
la méthode documentaire
de Rob Rombout
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L’interrogation première soulevée par l’image photographique, et par extension par l’image en mouvement aux visées documentaires, est celle de son rapport à la réalité. Aussi, un parti pris, quant à la conception de la réalité, paraît incontournable dans le travail du documentariste. Il détermine la relation qui s’établit à travers le film entre les images et le réel, autant pour le réalisateur que pour les spectateurs. Au cours de l’histoire du documentaire, plusieurs solutions ont été adoptées. Celle proposée par Rob Rombout réfute, à la suite de Bertholt Brecht, la suffisance du caractère indiciaire [1] de l’image photographique, et donc filmique, vis-à-vis du réel c’est-à-dire la quasi équivalence de l’objet avec sa reproduction en image. En revanche, elle prend en compte l’altération de la réalité engendrée par la vision du documentariste. Cette dernière est rendue perceptible au sein des films. La méthode documentaire de Rob Rombout se fonde sur l’opération de la construction filmique entreprise dès le projet de film jusqu’au montage. Elle combine une grande maîtrise des facteurs aléatoires du réel, qui peut être affiliée aux créations de fictions, et un respect des propriétés du sujet traité relevant de l’entreprise documentaire et ce, afin de donner à voir une réalité. Celle-ci naît ainsi des rapports complexes entre le réalisateur, le processus de réalisation, les personnes filmées et leur environnement.
« L’objectif de ce cinéma documentaire n’est pas seulement d’informer mais aussi de porter une vision du monde. »
L’objectif de ce cinéma documentaire n’est pas seulement d’informer mais aussi de porter une vision du monde.
A travers quatre aspects de la démarche de Rob Rombout, à savoir le choix du sujet, le filmage, le montage et le sens donné au réel à travers les films, il est possible d’aborder cette conception singulière du documentaire.
1. Réalité choisie et partagée
Partant du constat que la réalité pure et unique n’existe pas et, par conséquent que les valeurs des faits, des situations, des images et des idées ne sont pas équivalentes, il revient au documentariste de construire, de structurer les réalités afin de leur donner sens.
Dans le pilote du film Nord Express (1990), Rob Rombout livre un indice de cette conception du documentaire. Selon lui, il s’agit de choisir des aspects de la réalité, de les isoler et de les mettre en scène. Au sein de ces aspects, des phénomènes, des images ou des propos clefs peuvent être mis en évidence. Cette méthode débute dès l’élaboration du projet qui devient une étape décisive au même titre que le filmage et le montage. En cela, les documentaires de Rob Rombout diffèrent des reportages fondés en grande partie sur la collecte des images, des témoignages et des « scoops » sur le terrain. Ils se distinguent également de la démarche documentaire courante qui consiste à accumuler les rushes puis à les organiser, à en tirer du sens lors du montage.
La recherche théorique et l’écriture préparatoire exigées par le système de production et de diffusion des films trouvent une place structurelle dans la méthode de Rob Rombout. Cette étape lui permet de proposer une sorte de scénario imaginaire qui est par la suite confronté à la réalité. Il faut alors trouver un équilibre entre la théorie et l’expérience empirique.
Comme pour les films de fiction, un casting est réalisé et les choix sont déterminés en fonction du scénario. Une personne peut être invitée à participer au documentaire pour son physique, pour son caractère ou par exemple pour son métier. Il s’agit donc de constituer un « échantillon » d’individus, pour employer un terme de sociologie. Celui-ci doit être représentatif à la fois de la situation du terrain et de la théorie.
« Rob Rombout filme de préférence des personnes ordinaires dont les situations ou les conditions de vie ne sont pas exceptionnelles et par là n’absorbent pas les personnalités concernées d’une part et ne captivent pas les spectateurs d’autre part. »
Afin d’obtenir un groupe cohérent d’individus conscients de leur situation et de leur fonction au sein du documentaire, Rob Rombout filme de préférence des personnes ordinaires dont les situations ou les conditions de vie ne sont pas exceptionnelles et par là n’absorbent pas les personnalités concernées d’une part et ne captivent pas les spectateurs d’autre part. Ainsi, il privilégie les sujets qui ne s’inscrivent pas dans une actualité brûlante et problématique dont les protagonistes, démunis, peuvent rapidement être trompés ou abusés même involontairement par les documentaristes. Les sujets des films de Rob Rombout ne traitent pas non plus de thématiques usitées qui engendreraient inéluctablement des propos sans surprise et des conclusions mainte fois affirmées. Par exemple, le sujet du racisme mènerait Rob Rombout, à l’instar de la plupart des réalisateurs, à une dénonciation de cette forme de pensée. Suivant une autre stratégie, les films de Rob Rombout se jouent des stéréotypes, des idées préconçues. Dans le film Les Passagers d’Alsace (2002) par exemple, qui interroge les rapports entre les alsaciens et le territoire d’Alsace, le musicien Philippe Poirier, compositeur du groupe de rock Kat Onoma, révèle ses qualités d’orateur, le viticulteur André Ostertag dévoile ses talents de poète, l’athlète Ibtissam Mellouki confie sa passion pour la musique rap et l’ophtalmologue Henri Dreyfus, qui fait des recherches à l’Hôpital civil de Strasbourg, parvient à faire voir des gens qui ne regardent plus. Ainsi, les personnes filmées restent certes qualifiées par leur culture, leur profession ou activité, leur environnement géographique et social mais elles affirment également autre chose qui dépasse les a priori.
« Les sujets des films de Rob Rombout ne traitent pas non plus de thématiques usitées qui engendreraient inéluctablement des propos sans surprise et des conclusions mainte fois affirmées. »
Pour ce faire, un rapport de compréhension mutuelle doit être instauré entre le réalisateur et les participants au documentaire. Aussi, Rob Rombout cherche à travailler avec des personnes « armées » [2] lorsqu’elles sont en situation de tournage et qu’elles acceptent d’être le sujet d’un documentaire. Le contact avec ce type de personnes dans le cadre de la réalisation d’un film lui offre une grande liberté sur le plan artistique. Il s’avère également être moins contraignant quant aux problèmes éthiques. Inversement, lorsque la différence entre le réalisateur et les sujets est très grande, les échanges humains deviennent moins évidents, moins naturels et moins ouverts. Dans cette perspective, afin d’accentuer la compréhension mutuelle entre les deux parties, Rob Rombout aménage des moments d’échanges non enregistrés entre lui et les personnes impliquées. Cette pratique, effectuée au cours de la réalisation, lui permet d’expliquer et de communiquer sa démarche et ses intentions. Non seulement ces temps de dialogues permettent de renforcer la confiance réciproque entre le réalisateur et les intervenants mais ils provoquent aussi un engagement certain de la part des personnes filmées qui, contrairement aux acteurs de fictions, ne sont pas rémunérées.
Dans Les passagers d’Alsace, le documentariste est allé plus loin dans cette recherche de l’échange. Il a organisé une rencontre entre les différentes personnes sélectionnées lors du casting. L’entente a ainsi pu s’étendre entre tous les participants au film. Cette mise en condition peut faire penser au documentaire intitulé Chronique d’un été de Jean Rouch et d’Edgar Morin tourné en France en 1960 dans lequel de jeunes parisiens issus de milieux sociaux différents, qui devaient répondre aux questions « Comment vis-tu ? Est-tu heureux ? », ont été filmés lors de rencontres organisées par les réalisateurs.
Dans une même logique de communication entre les participants et le réalisateur, Rob Rombout fait circuler des notes à l’attention de son équipe de tournage. Et ce, dans le but de préciser les orientations du film éventuellement modifiées par la confrontation de l’idée d’origine à la réalité. Ce document peut par exemple éviter au caméraman d’avoir recours à des réflexes techniques et professionnels mais convenus destinés à rattraper les imprévus considérés comme des défauts dans l’esthétique ou le langage cinématographique. Par ailleurs, il permet à Rob Rombout de fixer ses idées, de préciser sa vision sur le sujet traité et surtout d’accroître sa maîtrise dans la réalisation du film.
2. Mise en scène de la réalité
Suite aux deux premières étapes de la démarche documentaire de Rob Rombout, à savoir l’exécution du dossier préalable, qui rassemble le travail préparatoire de recherche et d’écriture, puis le casting, les personnes sélectionnées sont filmées dans leur environnement. Lorsqu’elles sont dirigées dans leurs déplacements, leur statut au sein de la réalisation peut évoquer celui des acteurs non professionnels, appelés « modèles », que Robert Bresson employait pour ses films de fiction. Cependant, au lieu d’être placées dans une situation fictive et d’adopter une autre identité, elles restent dans leur contexte habituel de vie. Outre le placement des personnes dans le champ de la caméra, l’étude des potentiels lumineux des sites et l’utilisation de filtres sont des moyens de maîtrise des conditions de filmage qui entrent en ligne de compte en tant que réalités influentes sur la situation décrite. Il s’agit en quelque sorte de « monter le film directement lors du tournage » [3].
« Le réalisateur ne fait pas croire aux spectateurs qu’il présente la réalité pure mais il propose une re-construction, une restitution homogène d’un aspect du monde dont la valeur de vérité peut être perçue comme métonymique. »
Les documentaires de Rob Rombout sont bien fondés sur des pratiques couramment associées à la [4]. Toutefois, ils parviennent à concilier ces procédés à d’autres relevant du documentaire. L’aspect fictionnel et la part documentaire sont rendus sensibles à travers les images et les sons. Ainsi, le réalisateur ne fait pas croire aux spectateurs qu’il présente la réalité pure mais il propose une re-construction, une restitution homogène d’un aspect du monde dont la valeur de vérité peut être perçue comme métonymique. Autrement dit, loin d’obtenir des films hybrides tels que les docu-fictions, qui se servent des pouvoirs de convictions de la fiction pour imposer un point de vue alors affirmé comme l’unique réalité, ou tels que des films dualistes, qui démontrent l’antinomie du documentaire vis-à-vis de la fiction, Rob Rombout produit des documentaires dont la démarche et la présence de l’équipe de tournage sur les lieux d’investigation ne sont pas niées.
En amont, les personnes filmées sont souvent dirigées. Non seulement elles restent averties de la présence de la caméra mais elles tendent aussi, consciemment ou non, à prendre une attitude d’auto présentation. Celle-ci est toutefois contrée par la dissociation, récurrente dans les films de Rob Rombout, entre l’image d’un individu averti du filmage et ses paroles enregistrées à un autre moment dans le contexte plus intimiste de l’entretien réalisé sans caméra.
En aval, les spectateurs sont sensibilisés à cette conception du documentaire lorsque les effets atmosphériques sont visiblement artificiels ou lorsque les cadrages accusent la position de l’appareil d’enregistrement dans l’espace. Par exemple, la caméra reste parfois en retrait pour filmer les activités des personnes. Ce point de vue témoigne du respect de leur espace, de leur intimité et de leur activité qui n’est pas entravée. Dans une même logique, des objets fréquemment placés au premier plan obstruent en partie le champ. Ainsi, ils rendent compte de la configuration du lieu de tournage souvent exigu comme les trains ou les bateaux. Rob Rombout reconnaît qu’il fait « partie du paysage » à exposer.
« L’idée n’est pas de montrer le réel brut, (…) mais de communiquer une réalité déterminée par la vision du documentariste (…). »
Il s’agit donc bien pour lui de travailler sur les rapports qu’il établit, en tant que réalisateur, avec la réalité filmée (personnes et environnements) et les spectateurs. Ces rapports sont concrétisés par le film. L’idée n’est pas de montrer le réel brut, tel qu’il existerait indépendamment de ses contacts avec le réalisateur et avec le processus de réalisation mais de communiquer une réalité déterminée par la vision du documentariste et par l’entreprise documentaire. Autrement dit, cette réalité n’existe pas par elle-même mais elle résulte des échanges constants « entre les choses qui sont et celui pour qui elles sont » [5]. Dans Essai sur la signification au cinéma, Christian Metz dégage de la Phénoménologie l’idée selon laquelle « Le “il y a”, puisqu’il implique qu’il y ait quelque chose et qu’il y ait quelqu’un pour qui il y a quelque chose, mobilise à lui seul l’objet filmé et le filmage. » [6]
De la sorte, si Rob Rombout planifie le filmage et prend en compte sa vision sur le monde c’est-à-dire qu’il considère le sujet regardant, il tient également compte des caractéristiques des sites relevés lors de repérages. Une fois encore, idée et réalité doivent être équilibrées. Ses documentaires portent fréquemment sur un groupe de personnes dans un espace limité tels qu’une équipe de travailleurs sur une plate-forme pétrolière (L’Île Noire, 1994), des passagers et des employés du train Nord Express (1990) ou ceux du bateau Transatlantique Queen Elizabeth 2 (1992) ou encore des chercheurs embarqués sur un navire à destination des îles Kerguelen (Le piège de Kerguelen, 1999). Il s’agit donc de groupes d’individus séparés du reste du monde, vivant en communauté dans un lieu limité pour une période donnée. Dans ce type de contextes, les jeux d’optique dus aux objectifs et à la position de la caméra sont accentués. Filmés depuis l’une des extrémités, les couloirs paraissent plus étroits. De même, les machines vues en contre-plongée acquièrent une monumentalité parfois oppressante. Le confinement peut ainsi être ressenti par les spectateurs par le biais de sensations visuelles. Par ailleurs, certains cadrages larges présentent les lieux dans leurs contextes géographiques plus vastes. Ils accusent leur isolement. Ainsi, le bateau ou la plate-forme pétrolière retrouve sa situation dans l’immensité de la mer au sein d’un cadre large. Malgré l’absence de liens physiques entre ces sites et la société, les relations temporairement suspendues entre ces microsociétés et le reste du monde sont évoquées à travers les témoignages, les confidences des gens. La situation décrite est ainsi localisée physiquement et mentalement dans l’environnement qui l’englobe. Les spectateurs restent conscients de la nature d’échantillon isolé mais nécessairement inclus dans l’ensemble de la vie humaine et sociale. Dans Les Açores de Madredeus (1995), les îles sont certes isolées mais elles ne sont pas exiguës. Elles sont alors présentées comme un centre ouvert sur l’horizon maritime qui résonne avec les thèmes et l’univers musical du groupe portugais, Madredeus. Par exemple, lorsque les musiciens et la chanteuse sont filmés dans un intérieur, les fenêtres laissent apparaître la mer ou le ciel. Si le site a été choisi pour figurer au mieux le regard et les sentiments que Rob Rombout porte au groupe et à leur musique, cela ne signifie pas que la vision du réalisateur se soumet au sujet et à l’environnement choisis. Autrement dit, le filmage et le montage ne sont pas dépendants des déplacements des personnes ou des contingences des phénomènes extérieurs. Par exemple, l’enregistrement en cadrage fixe précède l’entrée de la chanteuse dans le champ de la caméra et continue après sa sortie. Le même procédé se retrouve dans Nord Express (1990), lorsque les personnes interviewées apparaissent dans un espace préexistant à l’écran, parlent puis disparaissent. L’espace qu’ils ont occupé demeure vide quelques instants avant le changement de plan. Dans ce film, il est possible de penser à la pérennité du train, à la constance de l’écoulement du temps qui se laisse traverser par des événements historiques (les deux Guerres mondiales) et par des individus en tant que passagers du train et de l’histoire. Le train dans ce documentaire se présente à la fois comme moyen de lier des lieux éloignés géographiquement, des époques séparées chronologiquement, comme un fil conducteur du déroulement de la narration et comme un espace réduit permanent et en mouvement.
Dans Les Passagers d’Alsace (2002), la construction filmique imite le déplacement et la proximité involontaire des passagers des trains. D’une part, elle met ainsi l’accent sur les relations concrètes de chaque personne au territoire grâce à l’abondance du filmage de leurs déplacements au sein de la ville ou de la campagne. Les travellings latéraux et avant non seulement donnent un point de vue en mouvement sur les paysages mais semblent emporter avec eux les histoires des dix protagonistes alsaciens. D’autre part, le montage crée un réseau d’échange de regards et d’écoutes entre personnes filmées. Vers la fin du documentaire, une séquence est éloquente à ce propos. Le discours en off de la jeune athlète se fait entendre sur des images de l’un de ses entraînements. Alors que ses propos occupent encore l’espace de la bande-son, un court plan-séquence montre la psychologue Sylvie Levy à l’écoute. Puis l’image d’Ibtissam Mellouki, en train de parler depuis un studio d’enregistrement, revient à l’écran. Ce montage d’images hétérogènes quant au contenu associé à une bande son continue donne l’illusion aux spectateurs du documentaire que la sportive s’adresse à la psychologue. Puis, l’image qui suit étend l’échange fictif au compositeur du groupe de musique strasbourgeois Kat Onoma qui semble répondre à la jeune fille. Cette dernière paraît même l’écouter dans le plan suivant. Christian Ohrel, mécanicien retraité amateur de chemin de fer, et le réalisateur Daniel Ziegler entrent dans cette communication illusoire selon le même principe à savoir l’union de réalités distinctes grâce au travail conjoint de l’image et du son. Cette séquence devient d’autant plus homogène que les thèmes abordés par les différents protagonistes s’enchaînent naturellement comme cela est le cas lors de discussion. La question de l’opposition entre la campagne et la ville glisse vers celle de la circulation urbaine qui mène aux caractères du bruit de la ville. Le déroulement de la réflexion artificiellement collective s’achève sur l’importance du silence. À ce moment, les divers protagonistes sont vus à l’écran, muets et à l’écoute du silence comme pour suivre la proposition d’Aurore Humbert, journaliste pour une radio locale RBS [7], qui explique durant la même séquence que « écouter les gens, c’est par exemple aussi écouter leurs silences » ou encore pour expérimenter le moyen de compréhension indiqué par la psychologue selon lequel « le silence donne sens ».
Dans Les Açores de Madredeus, une séquence est particulièrement intéressante à la fois en ce qui concerne ce travail de composition avec le site et les réalités choisies par le biais du filmage et du montage ainsi que pour la part de recherches expérimentales qui qualifie ce type de séquences. Chacun des quatre plans consacré à un musicien est enregistré au niveau d’une des quatre routes qui mènent à la place d’un village. Ils accompagnent un morceau à quatre temps. Aucun plan intermédiaire ne permet de créer une continuité dans l’espace qui s’affirme ainsi dans sa structure morphologique symétrique et centralisée.
3. L’épaisseur de la réalité ou l’implication du facteur temps
Dans Perm-mission, la voix off performée par Andrey Osipov, l’un des interlocuteurs russes présents au festival de cinéma qui s’est tenu dans la ville russe de Perm, formule une conception du documentaire qui semble avoir été soufflée par Rob Rombout : « Le film documentaire ne se contente pas d’illustrer et de constater des faits. Il tente d’analyser et d’approfondir les choses sur le plan artistique pour comprendre ce qui se passe dans le temps présent et les liens entre le passé et l’avenir. » (Perm-mission, 1999).
« Le recours à des cartes, qui permettent de figurer les trajets, est fréquent dans les films de Rob Rombout. »
La volonté de montrer le passé et/ou le futur possible implique des aspects intangibles de la réalité.
Dans Nord Express, des images d’archives sont mêlées à d’autres filmées en 1990 afin de présenter l’histoire pérenne du train entre Paris et Moscou. Des cartes unifient l’hétérogénéité des images, tant au niveau de leurs natures qu’à celui de leur temps de référence. Le parcours figuré dans un système de représentation conceptuelle permet de convoquer simultanément la donnée spatiale et concrète ainsi que celle temporelle et abstraite. Le recours à des cartes, qui permettent de figurer les trajets, est fréquent dans les films de Rob Rombout. Par ailleurs, dans Nord Express, les images d’archive s’intègrent parfaitement au film grâce à un système d’association thématique. Par exemple, au cours du trajet entre Paris et Berlin, le paysage défilant se caractérise par un petit muret séparant les rails de la nature. Des images de la construction du mur sont alors juxtaposées à celles de sa destruction. Non seulement le parcours du train jalonne l’Histoire mais la condensation du temps fait écho au rapprochement géographique rendu possible par le biais du moyen de transport.
Dans la plupart des films de Rob Rombout, le passé proche, celui du temps de la réalisation du documentaire est convoqué. Ce parti pris contribue à la mise en évidence de l’entreprise documentaire et de son influence inévitable sur l’environnement et les personnes filmées.
Un procédé, récurrent dans les films de Rob Rombout, consiste à monter en voix off les propos des personnes filmées alors qu’elles sont vues à l’image dans une autre situation que celle de l’entretien. Contredisant le présent toujours renouvelé lors du visionnage propre aux images en mouvement, deux moments distincts s’expriment simultanément : celui d’une interview occupe l’espace sonore et celui d’une action est visible à l’écran. D’une part, l’instant du visionnage vécu par le spectateur est dédoublé et d’autre part, la durée nécessaire à la réalisation du documentaire est révélée et ce, grâce à la simultanéité de deux étapes différentes dans son processus. Ainsi, une distance, tant temporelle que spatiale, entre les images et les paroles s’instaure.
De temps à autres, lorsqu’à l’image les personnes sont en train de discuter entre elles, le son de leur voix est étalonné de faible intensité sonore. Lors de ces séquences, les deux moments sont ressentis comme nettement distincts : le temps du discours diffère de celui des images. L’effet qui en résulte peut s’apparenter à une écoute distraite, lorsque l’on entend quelqu’un parler mais que l’on écoute par vraiment, que l’on suit plutôt le court de ses pensées. La voix off entendue s’approche alors de la pensée du spectateur. « C’est comme si l’on rentrait dans la tête de quelqu’un » explique Rob Rombout.
Dans Transatlantique Queen Elizabeth 2 (1992), un passage déroutant mérite d’être cité car il joue avec ce procédé. Le capitaine est filmé en pleine activité. Soudain, il regarde la caméra. Sa voix passe de l’espace sonore off à celui synchrone aux images pour raconter sa traversée de l’Atlantique avec son père. Puis, il reprend son travail et la narration se termine en off. Dans cette séquence, plusieurs moments se télescopent. La reconstruction, la restitution d’un présent, celui du film, ne peut pas se soustraire à la conscience du spectateur. L’ambiguïté entre la fiction, le jeu d’acteur d’une part et le documentaire, le témoignage d’autre part qualifie cette séquence.
« Le montage en décalé des paroles et des images révèle l’hétérogénéité de la réalité, sa relativité et son état en perpétuel changement dans le temps. »
Outre la visibilité de la pratique documentaire et de sa durée, le montage en décalé des paroles et des images révèle l’hétérogénéité de la réalité, sa relativité et son état en perpétuel changement dans le temps.
Dans Perm-mission (1999), la voix off du documentariste ne s’impose pas comme l’unique interprétation valable de la situation à documenter car elle n’est plus extérieure mais elle est traitée de la même façon que les voix des autres personnes impliquées. Autrement dit, Rob Rombout s’est inclus dans l’échantillon filmé composé de documentaristes qui doivent représenter un aspect de leur métier dans le cadre du festival russe Flahertyana. Confrontée à d’autres subjectivités, la voix de Rob Rombout est une voix parmi d’autres.
Cette problématique de la voix off a également été questionnée par Jean Rouch à travers plusieurs films. Dans Moi, un noir (1958) et Jaguar (tourné en 1954 et monté en 1967) par exemple, Jean Rouch abandonne ses commentaires personnels élaborés après le filmage à partir des images, de son expérience et de ses connaissances. Il conserve, tout de même, un écart d’une autre nature entre l’image et la parole en demandant aux protagonistes des films de produire un commentaire, non pas au moment du filmage, c’est-à-dire en enregistrement sonore synchrone, mais a posteriori, lors de la post-production. [8] Ainsi, la distance temporelle entre l’image et la parole est conservée mais le discours ne s’érige pas en voix dominante et détentrice de vérité absolue comme cela est le cas des commentaires traditionnels. [9] Ce procédé adopté par Jean Rouch pour certains de ses films, dans lesquels les protagonistes nigériens parlent français, est similaire à celui affectionné et décliné par Rob Rombout. Les deux solutions ont l’avantage de respecter la parole de l’autre. Elles définissent l’activité du documentariste en partie comme une pratique de l’écoute de l’autre, voire comme un relais entre des aspects singuliers de la réalité et les spectateurs. Toutes les deux assument leur intervention dans la situation présentée.
Dans Le piège de Kerguelen (2000), une voix off, traditionnelle dans le domaine du documentaire, adopte un ton semi didactique qui renvoie aux films des années cinquante [10]. Performée par Rob Rombout, elle livre des informations supplémentaires sur le sujet traité. En cela, elle prend totalement en charge la fonction assurée conjointement par les images d’archive et par la voix off [11] dans Nord Express (1990). Elle ne correspond à aucune personne filmée. Extérieure à la situation décrite, elle produit un effet de distanciation vis-à-vis de l’image et de la réalité filmée. Outre les deux moments précédemment distingués, celui plus distancié de la voix off extérieure complexifie le temps élaboré dans le film. Il y a le moment des entretiens, celui du filmage et celui du commentaire. La séparation entre le temps des images et celui du commentaire trouve son origine dans l’histoire de la technique cinématographique. En effet, avant la fin des années cinquante, les caméras ne permettaient pas de réaliser des enregistrements sonores synchrones à l’image. Si la fiction s’est d’emblée emparée de la nouvelle possibilité de l’enregistrement sonore en direct, les documentaires ont perpétué la tradition du commentaire extérieur appliqué sur des images lors du montage. Ceci permettait aux documentaristes de conserver leur pouvoir d’affirmer la réalité, voire d’imposer une vérité qui est pourtant par nature un point de vue, une interprétation, une appréhension subjective du monde. Différemment, dans Le piège de Kerguelen (2000), la voix off extérieure est adoptée afin de donner corps au passé. Concrètement, soit elle incarne le point de vue du chevalier Kerguelen en citant son journal de bord, soit elle énonce des faits historiques ou encore elle lie le passé au présent par le biais de comparaisons.
« Le montage en décalé des paroles et des images révèle l’hétérogénéité de la réalité, sa relativité et son état en perpétuel changement dans le temps. »
Outre la visibilité de la pratique documentaire et de sa durée, le montage en décalé des paroles et des images révèle l’hétérogénéité de la réalité, sa relativité et son état en perpétuel changement dans le temps.
Dans Perm-mission (1999), la voix off du documentariste ne s’impose pas comme l’unique interprétation valable de la situation à documenter car elle n’est plus extérieure mais elle est traitée de la même façon que les voix des autres personnes impliquées. Autrement dit, Rob Rombout s’est inclus dans l’échantillon filmé composé de documentaristes qui doivent représenter un aspect de leur métier dans le cadre du festival russe Flahertyana. Confrontée à d’autres subjectivités, la voix de Rob Rombout est une voix parmi d’autres.
Cette problématique de la voix off a également été questionnée par Jean Rouch à travers plusieurs films. Dans Moi, un noir (1958) et Jaguar (tourné en 1954 et monté en 1967) par exemple, Jean Rouch abandonne ses commentaires personnels élaborés après le filmage à partir des images, de son expérience et de ses connaissances. Il conserve, tout de même, un écart d’une autre nature entre l’image et la parole en demandant aux protagonistes des films de produire un commentaire, non pas au moment du filmage, c’est-à-dire en enregistrement sonore synchrone, mais a posteriori, lors de la post-production. [8] Ainsi, la distance temporelle entre l’image et la parole est conservée mais le discours ne s’érige pas en voix dominante et détentrice de vérité absolue comme cela est le cas des commentaires traditionnels. [9] Ce procédé adopté par Jean Rouch pour certains de ses films, dans lesquels les protagonistes nigériens parlent français, est similaire à celui affectionné et décliné par Rob Rombout. Les deux solutions ont l’avantage de respecter la parole de l’autre. Elles définissent l’activité du documentariste en partie comme une pratique de l’écoute de l’autre, voire comme un relais entre des aspects singuliers de la réalité et les spectateurs. Toutes les deux assument leur intervention dans la situation présentée.
Dans Le piège de Kerguelen (2000), une voix off, traditionnelle dans le domaine du documentaire, adopte un ton semi didactique qui renvoie aux films des années cinquante [10]. Performée par Rob Rombout, elle livre des informations supplémentaires sur le sujet traité. En cela, elle prend totalement en charge la fonction assurée conjointement par les images d’archive et par la voix off [11] dans Nord Express (1990). Elle ne correspond à aucune personne filmée. Extérieure à la situation décrite, elle produit un effet de distanciation vis-à-vis de l’image et de la réalité filmée. Outre les deux moments précédemment distingués, celui plus distancié de la voix off extérieure complexifie le temps élaboré dans le film. Il y a le moment des entretiens, celui du filmage et celui du commentaire. La séparation entre le temps des images et celui du commentaire trouve son origine dans l’histoire de la technique cinématographique. En effet, avant la fin des années cinquante, les caméras ne permettaient pas de réaliser des enregistrements sonores synchrones à l’image. Si la fiction s’est d’emblée emparée de la nouvelle possibilité de l’enregistrement sonore en direct, les documentaires ont perpétué la tradition du commentaire extérieur appliqué sur des images lors du montage. Ceci permettait aux documentaristes de conserver leur pouvoir d’affirmer la réalité, voire d’imposer une vérité qui est pourtant par nature un point de vue, une interprétation, une appréhension subjective du monde. Différemment, dans Le piège de Kerguelen (2000), la voix off extérieure est adoptée afin de donner corps au passé. Concrètement, soit elle incarne le point de vue du chevalier Kerguelen en citant son journal de bord, soit elle énonce des faits historiques ou encore elle lie le passé au présent par le biais de comparaisons.
« Si dans les films de fiction de type hollywoodien, les moments creux sont bien souvent évincés lors du montage, Rob Rombout se permet, en tant que documentariste, non seulement de les conserver mais aussi de les mettre en valeur. »
Le temps dans le langage filmique est toujours reconstruit. Comme en musique, son écoulement porte la narration et, avec elle, l’attention des spectateurs. En jouant sur les effets subjectifs de la durée, les réalisateurs ont la possibilité de transmettre des sensations voire des idées. Si dans les films de fiction de type hollywoodien, les moments creux sont bien souvent évincés lors du montage, Rob Rombout se permet, en tant que documentariste, non seulement de les conserver mais aussi de les mettre en valeur. Selon lui, ces instants de pause, d’inattention, d’abandon ou encore d’hésitation, de doute sont révélateurs de vérité. Pour donner un exemple concret, dans L’Île Noire (1994) des séquences denses tant au niveau sonore que visuel peuvent être juxtaposées à des séquences calmes souvent filmées en plan fixe dans lesquelles le mouvement peut-être totalement absent. Ainsi, le rythme de la succession des séquences d’images et de sons ainsi que les successions d’actions au sein même de l’image permettent d’accuser le contraste entre les deux atmosphères c’est-à-dire d’accentuer la tranquillité d’un côté et l’agitation de l’autre.
« La musique fait l’objet d’une attention particulière de la part du réalisateur. »
4. Correspondance entre le contenu philosophique et la composition formelle du film
Rob Rombout compare volontiers l’art filmique à la musique. Cette dernière, qui est l’une des deux composantes du matériel audio-visuel, fait l’objet d’une attention particulière de la part du réalisateur. Dans ses films, la musique est souvent une composition originale. Dans ce cas, elle constitue une part non négligeable du budget. Sur les plans artistique et sémantique, elle permet de structurer l’espace, de le solidifier, de le cerner ou d’insister sur l’une ou l’autre de ses caractéristiques. Elle peut souligner certains propos, souvent d’ordre philosophique, en débutant au moment clef de son énonciation. Elle peut aussi accompagner, isoler et ainsi rendre plus présent un aspect singulier de la réalité. Par exemple, dans L’Île Noire (1994), Jean-Louis Daulne compose deux morceaux de musique. L’un, inspiré de l’œuvre de Prokofiev, est lié au lieu, c’est-à-dire à la plate-forme pétrolière et à sa machinerie. Le second est une musique Country. Il est associé aux travailleurs et à la dimension humaine voire philosophique. Chacun des deux domaines, qui co-existent pour former une situation particulière, trouve une densité et une importance propres grâce à ce procédé d’association entre un thème musical et un aspect de la réalité.
Dans Le piège de Kerguelen (2000), les sons des instruments à cordes [12] donnent une couleur particulière au passé, celui de l’expédition de Kerguelen, aux passages intemporels d’ordre philosophique ainsi que, dans une moindre mesure, aux allusions à l’avenir. Vers la fin du documentaire, par exemple, Dominique Pontier est vue à l’écran en train d’écrire dans son journal de bord. A ce moment la musique intervient. La voix de la chercheuse est entendue en off. Ses propos se concluent ainsi : « on espère que tout cela restera ». Puis la voix off extérieure prévoit que, lorsque la mission « Pop Chats » [13] prendra fin, Dominique Pontier retournera en métropole. Puis, elle opère un rapprochement entre le présent et le passé en racontant la fin de la mission de Kerguelen. Dans ce film la musique offre une présence au temps sous ses diverses formes à savoir le passé, qui est dominant dans le film, le futur prévisible et son état en suspend, c’est-à-dire hors du temps, lors des moments de comparaison entre le passé et le présent ou ceux des réflexions philosophiques. Dans ce documentaire, les échappées philosophiques de l’équipe de scientifiques semblent contaminer l’espace des spectateurs lorsque Dominique Pontier est filmée en plan très large. Alors que la chercheuse est perçue de loin en train d’observer les chats sauvages à travers des jumelles, la voix off demande directement aux spectateurs « mais qui regarde qui ? ». Des réflexions sur le regard et « le montré » sont ainsi suscitées. Le public peut reprendre conscience de sa situation d’observateur, de la vision préalable de Rob Rombout sur la situation et du travail de présentation propre au documentaire. Avec les plans sur les pingouins et les éléphants de mer juste à côté des scientifiques, il est aussi possible de soupçonner la faune de l’île d’épier les humains nouveaux arrivants.
« La construction des rapports entre l’image et le son est un bon exemple de la méthode documentaire de Rob Rombout. »
La construction des rapports entre l’image et le son est un bon exemple de la méthode documentaire de Rob Rombout. En effet, la forme filmique très structurée donne du sens et de la profondeur au sujet traité. Elle permet de présenter deux facettes des personnes filmées : celle de leurs activités qui détermine fortement les individualités selon Rob Rombout et celle de leurs réflexions personnelles, de leurs poésies trop souvent sous-estimées d’après le réalisateur. Ces dernières permettent de lever les idées stéréotypées et conventionnelles sur les catégories d’individus.
« Rob Rombout porte une attention toute particulière aux moments d’inattention, d’abandon au rêve ou à la philosophie, aux lapsus gestuels et aux mimiques involontaires qui font émerger des vérités non formulées verbalement mais qui transparaissent sous une autre forme. »
« L’attention de Rob Rombout se porte donc tout particulièrement sur les rapports entretenus entre l’homme et son environnement au cours d’une période déterminée. »
L’attention de Rob Rombout se porte donc tout particulièrement sur les rapports entretenus entre l’homme et son environnement au cours d’une période déterminée. L’interaction inévitable entre cet aspect de la réalité et la procédure de réalisation des documentaires qualifie naturellement la situation décrite dont le présent est conçu comme la somme du passé.
Cependant, certains moments s’avèrent être plus déterminants quant au propos des films et à la vision personnelle de Rob Rombout. Le documentariste les met alors en évidence. Il porte une attention toute particulière au début et à la conclusion de ses films en leur attribuant les fonctions de camper l’atmosphère présentée et de susciter les réflexions que les spectateurs pourront prolonger une fois le visionnage terminé.
Avec leurs ouvertures, leurs développements ponctués d’images ou de séquences clefs et leurs clôtures, les films de Rob Rombout sont en accointance avec la musique. Comme les compositeurs, le réalisateur doit connaître le thème pour pouvoir faire des variations. En effet, c’est dans le cadre de maîtrise de la réalisation, des prévisions, qu’il s’octroie un ou plusieurs moments d’expérimentation [18] dans chacun de ses films.
Dans tous ses films, Rob Rombout expose un point de vue philosophique sur la réalité. Considérés dans leur ensemble, les documentaires s’avèrent tout particulièrement proches les uns des autres quant à la vision du monde qu’ils proposent. Comme les œuvres musicales des grands compositeurs ou interprètes, ils constituent un ensemble cohérent reconnaissable par leur forme et leur philosophie. Autrement dit, une touche propre au réalisateur, c’est-à-dire son individualité affirmée, transparaît dans toutes ses réalisations. D’ailleurs, Rob Rombout explique que, dans tous ses films, il fait passer une idée qui lui est propre à travers les autres [19]. Comme l’artiste Christian Boltanski, il explique qu’un créateur a, en général, une seule idée qu’il décline, qu’il applique à différents sujets.
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1.En effet, comme l’explique bien Johanne Lamoureux « le caractère indiciaire du procédé photographique voulant qu’entre le modèle et son image existe nécessairement une relation de contiguïté physique. Il en résulte une compréhension tautologique du signe photographique suggérant une identification signifiant/signifié » in Johanne Lamoureux, « La critique postmoderne et le modèle photographique », Études photographiques, n°1, novembre 1996, p. 109–115.
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2.Terme de Rob Rombout.
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3.Terme de Rob Rombout.
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4.Élaboration de scénari, casting, direction d’acteurs et mise en scène.
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5.Metz (Christian), Essais sur la signification au cinéma, [t.1 (1968) et t.2 (1972)], Klincksieck, Paris, 2003, p.194.
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6.ibid.
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7.Radio Bienvenue Strasbourg (RBS).
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8.Les films sont projetés et les acteurs commentent les images simultanément. Leurs propos servent de bande son. Il faut noter que, dans le cas de Moi un noir, les caméras synchrones n’existaient pas encore lors du filmage. Ceci prouve que le commentaire extérieur et dominant a été remis en cause avant la possibilité d’enregistrement synchrone des sons.
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9.À la distance temporelle s’ajoute, dans ce cas précis, une distance entre l’acteur et son image qui n’agit plus mais commente son action.
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10.La technique technicolor renforce la référence aux documentaires des années cinquante.
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11.Le ton de la voix off assurée par Pierre Laroche, imitant celui des commentaires de documentaires des années cinquante, insiste plus encore sur son caractère paternaliste ou de conteur.
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12.Directeur artistique : Hugues Maréchal. Piano : Hugues Maréchal. Alto : Sigrid Keunen. Violon : Jean-Pierre Catoul. Violoncelle : Yves Mora. Contrebasse : José Bedeur.
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13.Diminutif du titre du programme dynamique des populations, structures spatiales et sociales des populations de chats sur les îles Kerguelen. Les chats ont été introduits en 1772 par Kerguelen sur l’île éponyme.
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14.Voir Claudine de France, Du film ethnographique à l’anthropologie filmique. Textes rassemblés et présentés par Claudine de France, éditions des archives contemporaines, Bruxelles, Paris, Bâle, 1994.
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15.Correspond au second type de plan précédemment décrit.
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16.Conformément à la technique de la caméra subjective qui est définit dans le dictionnaire médiatique, réalisé par l’UQAM (Université du Québec à Montréal), comme « technique selon laquelle l’action est filmée en fonction de la position physique et du point de vue d’un personnage, de l’auteur du film ou d’une bande vidéo ».
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17.Dans le sens d’ « être avec » à ne pas confondre avec l’effet de projection du spectateur dans d’histoire, c’est- à‑dire d’identification du spectateur à un personnage présent à l’image, produit dans les fictions de type classique sur le modèle Hollywoodien.
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18.Séquences d’expérimentation décrites dans ce texte : la séquence construisant une communication fictive entre les différents protagonistes dans Les Passagers d’Alsace (2002), la scène sur la place d’un village dans Les Açores de Madredeus et celle présentant le capitaine dans Transatlantique Queen Elizabeth 2 (1992).
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19.Comme il a été mentionné, dans Perm-mission (1999), par exemple, Andrey Osipov livre aux spectateurs une définition du documentaire qui correspond tout à fait à celle de Rob Rombout.